Respirons encore de l'oxygène...
adresse pour citer cette page: http://www.servumpecus.canalblog.com/archives/2005/11/29/
Ces jours a lieu la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques (un congrès de plus...) à Montréal. Tous les 10000 délégués provenant de 190 pays s'y sont rendu à pied, à bicyclette ou encore en utilisant les services incomparables de la marine à voile, afin de préserver ledit climat:
Après avoir lu le compte-rendu ci-dessus sur le site de Bluewin, je ne sais pas si "l'extinction massive d'espèces animales" citée par ce texte comprend également l'Homme (qui, rappelons-le, est un simien avec une belle cravate), mais en tout cas tous les signaux concernant la dégradation rapide du climat mondial sont au rouge...
Augmentation de la teneur en gaz carbonique et détérioration du climat sont liés.
Il convient de lire attentivement les deux articles scientifiques qui ont été
publiés ces jours dans la revue Science et qui concernent les taux de
différents gaz à effet de serre dans l'atmosphère terrestre, et ce
durant les derniers... 650000 ans ! J'ai tout d'abord pu en lire un résumé sur le site de Futura Sciences, ici.
Je cite:
"Des
équipes françaises, du CEA et du CNRS, dans le cadre d’une
collaboration internationale, ont mesuré la teneur en gaz carbonique de
l’atmosphère depuis 650.000 ans. Ces analyses représentent 210.000 ans,
soit deux cycles glaciaires, de plus que les précédentes.
Les
résultats de cette collaboration internationale sont publiés dans la
revue Science. Ils font l’historique de la relation stable liant climat
et cycle du carbone sur la période allant de 390.000 à 650.000 ans
avant le présent (appelée aussi Pléistocène). Ils relatent aussi les taux atmosphériques en méthane et en oxyde nitreux sur la même période.
Cet
allongement dans le passé de 210.000 ans, soit deux cycles glaciaires
complets, des données concernant le gaz carbonique et le méthane
atmosphériques devrait aider les scientifiques à mieux comprendre les
changements climatiques et la nature de la période chaude actuelle sur
Terre. Cet
enregistrement pourrait aussi aider les chercheurs à réduire les
incertitudes dans leur prédiction des changements climatiques à venir
et à déterminer quand les hommes ont commencé à influencer
sérieusement les concentrations en gaz à effet de serre sur la planète.
L’analyse
fait ressortir que la concentration en dioxyde de carbone ne cesse de
croître et se trouve déjà actuellement, à 380 parties par million en
volume, un niveau plus élevé de 27 % que le maximum atteint au
cours de ces 650.000 dernières années.
Les
analyses de teneur en deutérium, paramètre qui a permis de reconstituer
la température en Antarctique ont été réalisées au Laboratoire des
sciences du climat et de l’environnement (LSCE, CEA/CNRS) situé sur le
site du CEA Saclay."
Fin de la citation.
En
effet, les anciennes mesures obtenues à Vostok en Antarctique
montraient la teneur en divers gaz à effet de serre sur les quelque
400000 dernières années:
Les
mesures toutes récentes obtenues à partir des échantillons de glace
provenant du Dôme C en Antarctique vont maintenant beaucoup plus loin
dans le passé:
source: revue Science
A
gauche de ce graphique, nous constatons aisément l'augmentation
extrêmement rapide et marquée de deux différents gaz à effet de
serre, le gaz carbonique et le méthane. Le gaz carbonique est passé de
280 ppm (parties par million) avant l'ère industrielle à 380 ppm
aujourd'hui.
Il
est manifeste qu'il y a des cycles qui montrent des maxima (les pics,
représentant les périodes chaudes) entrecoupés de minima (les périodes
glaciaires).Il est ainsi intéressant de constater que le système semble
"régulé", puisqu'après chaque pic (maxima; prenons celui du gaz
carbonique par exemple), il y a une baisse dans la concentration de ce
gaz, sur une durée allant d'environ 80000 à 100000 ans. En effet, à chaque fois que la
concentration en CO2 atteint de manière "naturelle" la valeur d'environ
300 ppm, il y a une ensuite une "rétroaction" qui ramène ces valeurs jusqu'à
200 ppm environ. Évidemment, ceci sans la présence de l'homme sur Terre...
Nous remarqons également, sur la droite de ce graphique, qu'un
phénomène d'une grande ampleur a eu lieu durant ces dernières 150
à 200 années: l'augmentation dramatique de la teneur de l'atmosphère en
gaz à effet de serre. Et celà à cause des activités industrielles de
l'homme.
Car
enfin, au vu de ces résultats, il apparaît manifeste que si une
régulation "naturelle" du gaz carbonique avait lieu, il faudrait
observer la diminution de la concentration de ce gaz dans l'atmosphère,
et non son augmentation rapide sur une aussi courte durée.
Mais une question me tarabiscote et me tourne dans la tête...
Reprenons le graphique allant jusqu'à 650000 ans dans le passé, et agrémentons-le de points de repère chiffrés et de flèches... Voici:
Les différents pics de gaz carbonique P1 à P6 sont indiqués. La flèche mince montre quelles en est la concentration actuelle. La question que je me pose est alors la suivante:
Au vu de l'évolution des concentrations "naturelles" de gaz carbonique de par le passé (disons plutôt durant les derniers 65000 mille ans), et de sa diminution quasi cyclique jusqu'à des concentrations d'environ 300 ppm après une période chaude, allons-nous
a) vers une régulation similaire à l'avenir, donc vers une période glaciaire, grâce à la diminution "naturelle" du gaz carbonique tel que citée précédemment,
ou bien:
b) allons-nous vers un
emballement du système, c'est-à-dire vers une augmentation incontrôlée qui ne
pourra plus du tout être régulée "naturellement" à l'avenir (la question marquée sur le graphique ci-dessus) ?!?
Ce qui est sûr, c'est qu'à court terme, la concentration de CO2 ne fera qu'encore augmenter:
Ce
qui est également sûr, c'est qu'à court terme, la température moyenne
globale va dramatiquement augmenter, et que l'ampleur dépendra de la
concentration en CO2 dans l'atmosphère:
Enfin,
la tendence des températures annuelles depuis le milieu des années '70
montre clairement que les conséquences se font déjà sentir aujourd'hui:
CQFD.
...et bonjour les dégats. Pas pour après-demain, mais demain déjà.
Vous aimez les cyclones ? Voilà le dernier en date, le cyclone Delta, celui qui fait arracher les cheveux de la tête des météorologues...
Eh oui, pour la première fois de mémoire de simien à cravate, un cyclone tropical sur les îles Canaries.