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Le bâton dans la fourmilière (fourmillière)
7 mars 2006

Les dindons de la farce

adresse pour citer cette page:  http://www.servumpecus.canalblog.com/archives/2006/03/07/

Je suis allé récemment sur le site de Nenki au Québec et j'y ai lu l'article qui a été mis en ligne concernant les "dindons de la farce" et la grippe aviaire:

dindon_de_la_farce

Je cite:
"Qui est le dindon de la farce ? Le rôle central de l'industrie de la volaille dans la crise de la grippe aviaire. Un rapport de GRAIN établit que l’industrie avicole mondiale est à l’origine de la crise de la grippe aviaire. Ce n'est pas la volaille de basse-cour ou la volaille élevée en plein air qui alimente la vague actuelle de cas de grippe aviaire sévissant dans plusieurs endroits du monde. La souche mortelle H5N1 de la grippe aviaire est essentiellement un problème de pratiques d'élevage de volaille industrielles."

Après avoir lus, je ne peux que soutenir l'argumentation de ces deux articles. Vous sentez-vous encore  concerné directement ou indirectement par la grippe aviaire ? Désirez-vous vous informer sur les causes de cette épidémie chez les oiseaux ? Prenez alors vraiment le temps de lire l'article du GRAIN
intitulé:

Qui est le dindon de la farce ?
Le rôle central de l'industrie de la volaille dans la crise de la grippe aviaire


Boooon. Vous n'avez pas le temps d'aller lire cette page, assez longue il est vrai ? Quà celà ne tienne, voici alors quelques morceaux choisis au sujet de la grippe aviaire. Je cite (c'est moi qui souligne):

"Son épicentre se trouve dans les fermes d'élevage industriel de Chine et d'Asie du sud-est et -- alors que les oiseaux sauvages peuvent transporter la maladie, au moins sur de courtes distances -- son vecteur principal est l'industrie avicole multinationale extrêmement automatisée qui envoie ses produits et les déchets de ses élevages autour du monde par une multitude de canaux"...

"...les gouvernements et les organismes internationaux, suivant les hypothèses éronnées sur la manière dont la maladie se répand et s'amplifie, continuent à prendre des mesures pour imposer le confinement et poussent à industrialiser davantage le secteur avicole..."

"Rares sont les photos représentant la prospère industrie multinationale avicole. Il n'y a pas de prises de vues de ses fermes d'élevage industriel frappées par le virus, et aucune image de ses camions surpeuplés transportant des poulets vivants ni de ses fabriques de produits alimentaires transformant « les sous-produits de la volaille » en alimentation pour poulets".

"Il y a peu de preuves attestant que les oiseaux migrateurs portent et transmettent le virus H5N1 fortement pathogène. Après recherche de la maladie chez des centaines de milliers d'oiseaux sauvages, les scientifiques n'ont que très rarement identifié des oiseaux porteurs de la grippe aviaire sous une forme fortement pathogène". (référence scientifique [12]  de l'auteur H Chen et collaborateurs, et dont le titre est "Establishment of multiple sublineages of H5N1 influenza virus in Asia: Implications for pandemic control," PNAS early edition, Proceedings of the National Academy of Sciences of the USA, Washington DC, 10 février 2006. Cet article dit que, je cite: "Après avoir examiné plus de 13 000 oiseaux sauvages dans les marais à l'intérieur des provinces infestées par lagrippe aviaire en Chine, les chercheurs ont identifié seulement six virus hautement pathogènes de la grippe aviaire chez six oiseaux. La conclusion d'ensemble de l'étude indique: « La transmission dchez la volaille est le principal mécanisme de maintien du virus H5N1 à l'état endémique dans cette région".

"Presque tous les oiseaux sauvages qui ont été testés positifs pour la maladie étaient morts et, dans la plupart des cas, ont été trouvés près des élevages de volaille domestique infectés. Même avec les cas actuels de H5N1 chez des oiseaux sauvages en Europe, les experts sont d'accord pour dire que ces oiseaux ont probablement contracté le virus dans la région de la Mer Noire, où le virus H5N1 est bien établi dans la volaille, et sont morts alors qu'ils se dirigeaient vers l'Ouest pour échapper aux conditions exceptionnellement froides dans le secteur."

"La faiblesse principale de la théorie des oiseaux migrateurs est que la diffusion géographique de la maladie ne correspond pas avec les itinéraires et les saisons de migration".

En effet, je l'avais écrit le 21 janvier dans ce blog pour ce qui est de la progression de la grippe aviaire en Turquie, voir ici.

Je continue la citation:

"Dans des exploitations d'élevage de volaille surpeuplées, le virus bénin évolue rapidement vers des formes plus pathogènes et fortement transmissibles, capables de sauter les espèces et de se propager de nouveau chez les oiseaux sauvages, qui sont sans défense contre la nouvelle souche. Dans ce sens, H5N1 est un virus de volaille tuant les oiseaux sauvages, et non le contraire [18].

Un morceau de choix peut ensuite être lu. Il est le suivant:

"Derrière l'attaque contre les élevages de volaille en basse-cour, il y a un programme plus sinistre. Sur la première page de la Stratégie globale pour le contrôle progressif de la grippe aviaire de la FAO et de l'OIE (note Servumpecus: ce n'est pas une blague, l'OIE...!) on peut lire: "Il devient également de plus en plus évident que beaucoup de réservoirs de l'infection peuvent être trouvés dans le monde en voie de développement, en particulier parmi les animaux d'élevage des zones à faibles revenus; c'est à dire parmi les ruraux pauvres. Ceci entraîne des risques sérieux pour le secteur des animaux d'élevage, qui est confronté à une demande en expansion rapide de protéines animales alimentaires dans beaucoup de pays en voie de développement, liée à l'urbanisation croissante, à l'augmentation des revenus disponibles, et qui fait passer l'alimentation d'une alimentation à base de féculents à une alimentation à base de protéines. Il y a là des opportunités considérables pour la croissance économique, en particulier dans les zones rurales, à tirer de ce processus, communément appelé 'Révolution de l'élevage. Qu'est devenu le soutien apporté de longue par la FAO à l'aviculture diversifiée? Cette organisation est soudainement préoccupée par la protection de l'industrialisation de la production de volaille (par exemple la « révolution de l'élevage ») contre les risques venus de l'aviculture à petite échelle".

"Tout comme la « Révolution verte », la soi-disant « Révolution de l'élevage » qui a déferlé sur l'Asie ces dix dernières années a entraîné une rapide érosion génétique. Les systèmes de production locaux ont été remplacés par des systèmes intégrés qui reposent sur une seule source de stock génétique parental et les petites exploitations ont été encouragées à abandonner leurs races locales pour des races à haut rendement qui ne sont souvent pas adaptées aux conditions locales. Il en résulte que nombre de petits éleveurs dépendent désormais d'un nombre très limité d'espèces modernes qui ont été développées pour des exploitations industrielles. Au milieu de tout ce tapage autour de la grippe aviaire, l'organisation est toutefois restée silencieuse sur la diversité génétique. Il n'a été fait aucune déclaration sur la manière dont l'uniformité génétique contribue au problème, et rien n'a été dit sur la manière dont les poulets indigènes pourraient résister à la maladie, même s'il existe des rapports sur des volailles locales qui ont survécu au virus H5N1 [31]".

Charoen Pokphand (CP), la compagnie thaïe qui est le plus grand producteur de volaille et d'aliments pour volaille de l'Asie" ... "Le CP est en fait presque partout présent là où la grippe aviaire s'est déclarée. En Thaïlande, base de l'empire de Charoen Pokphand, et pays où il a introduit pour la première fois ses systèmes de production verticalement intégrés, il est lié par contrats de production à environ 10 000 éleveurs, contrôlant la chaîne entière de production, de l'alimentation aux ventes de volaille au détail. C'est aussi le plus grand fournisseur de poussins de chair en Chine, avec un établissement d'incubation dans la province de Lanzhou infestée par la grippe aviaire qui produit neuf millions de poussins par an" ... "Cela ne veut pas dire que Charoen Pokphand (CP) soit l'unique responsable de la crise actuelle de la grippe aviaire. Bien que la compagnie soit au premier rang des suspects, le problème va plus loin que Charoen Pokphand : c'est un problème systémique. Le commerce international de la volaille est avant tout un commerce qui échappe à tout contrôle"

(Pour les facteurs génétiques influencés négativement par l'élevage industriel des volailles, voir ici.).

elevage_poulets_batterie

Ensuite, nous apprenons la raison de la progression de la grippe aviaire en Turquie (voir ce blog le 21 janvier).

progression_grippe_aviaire_en_turquie2  flux_migratoires_turquie12

Je cite à nouveau l'article du GRAIN:

"Les médias ont été très rapides à sauter sur les oiseaux migrateurs quand on a révélé les cas de grippe aviaire dans un village isolé de la Turquie orientale. Mais plus tard, une fois que les villageois ont commencé à donner leur version de l'histoire, il est apparu qu'il y a un grand élevage industriel tout près envoie régulièrement des camions à la ville pour vendre la vieille volaille au rabais. Un camion de ce type avait été expédié deux semaines avant que le cas de contamination ait été découvert [41: Elisabeth Rosenthal, "Why do some Turks have bird flu virus but aren't sick?" International Herald Tribune, 11 janvier 2006]La FAO admet que le commerce de volaille diffuse le virus H5N1 en Turquie et relève même la pratique courante des entreprises commerciales de volaille qui envoient par camion d'importants chargements de volaille de qualité médiocre aux fermiers pauvres
[42: Lubroth, Senior Officer, FAO, "Audio interview: Control campaign in Turkey [Press conference]", Rome, janvier 2006: ftp://ext-ftp.fao.org/Radio/MP3/2006/Avian-flu-Lubroth-e.mp3 et Elisabeth Rosenthal, "UN Aide urges flu transit checks" International Herald Tribune, Paris, 17 janvier 2006].

Renversant...

C'est à tomber sur le c.., non ?!?

Reproduisons ensuite le passage suivant dans son intégralité, tant il est chargé de valeur symbolique.... Je cite:

"Le commerce mondial de l'alimentation pour la volaille, un autre facteur dans cette pagaille généralisée, est dominé par les mêmes compagnies. Un des ingrédients ordinaire dans l'alimentation industrielle des poulets, et dans la plupart de l'alimentation animale industrielle, est composé par les « déchets de volaille ». C'est un euphémisme pour désigner tout ce qu'on trouve sur le sol des élevages industriels: matières fécales, plumes, litière, etc. [43].  La viande de poulet, sous l'étiquette « farine de sous-produits animaux », entre également dans l'alimentation industrielle des poulets. L'OMS déclare que la grippe aviaire peut survivre dans des fèces des volatiles jusqu'à 35 jours et, dans une mise à jour récente à sa fiche d'information sur la grippe aviaire, elle mentionne l'alimentation comme milieu possible pour la diffusion de la grippe aviaire entre les fermes [45]. Les autorités russes désignent l'alimentation comme l'une des principales sources suspectées d'être à l'origine du cas de contamination par le virus H5N1 dans un gros élevage industriel dans la province de Kurgan, où 460 000 oiseaux ont été tués  [46]. Cependant, globalement, rien n'est fait pour renforcer les réglementations ou la surveillance de l'industrie alimentaire. Au lieu de cela il semble souvent que c'est l'industrie, et non les gouvernements, qui dirige les opérations".

Il convient ensuite de lire l'intégralité de l'encadré 3 de cette même page du GRAIN.

Tout en ce bas monde devient de plus en plus une affaire de pognon. Et tant pis pour les principes éthiques ou moraux... En effet, accrochez-vous au texte qui suit:

"En Thaïlande, l'industrie et le gouvernement ont été au courant des manifestations de la grippe aviaire des mois avant que la pression publique ait finalement forcé le gouvernement à reconnaître les cas de contamination par la grippe aviaire en janvier 2005. L'industrie a profité de ce laps de temps pour nettoyer ses stocks à fond et s'occuper de ses bénéfices. Les ouvriers travaillant à l'usine de volaille de Centaco près de Bangkok ont dit aux chercheurs Chanida Chanyapate et Isabelle Delforge que dans le mois qui a précédé la reconnaissance officielle des cas de contamination par le gouvernement, on leur a demandé de travailler beaucoup plus d'heures supplémentaires que d'habitude. « Avant novembre, nous traitions environ 90 000 poulets par jour. Mais à partir de novembre et jusqu'au 23 janvier, nous avons dû tuer environ 130 000 poulets chaque jour. » Ils ont vu beaucoup de poulets malades arriver dans l'usine et on leur a ordonné de les conditionner, même s'ils étaient déjà morts de la maladie. « Nous n'avons pas su quelle maladie c'était, mais nous avons compris que la direction se dépêchait de traiter les poulets avant le passage d'une inspection vétérinaire » [48: A McLeod, N Morgan, A Prakash et J Hinrichs, "Economic and Social Impacts of Avian Influenza" FAO, Rome, novembre 2005: http://www.fao.org/ag/againfo/subjects/en/health/diseases-cards/cd/documents/Economic-and-social-impacts-of-avian-influenza-Geneva.pdf; Chanida Chanyapate et Isabelle Delforge, "The politics of bird flu in Thailand," Focus on the Global South, Bangkok, 20 avril 2004: http://www.focusweb.org/content/view/273/29/].

Enfin, la conclusion de cet article du GRAIN se passe de commentaires superflus:

"Si la grippe aviaire est aussi sérieuse que le dit l'OMS, si des millions de personnes pourraient potentiellement mourir d'une pandémie de H5N1, alors comment se fait-il que cette industrie continue à fonctionner avec si peu de surveillance et tellement d'impunité et de soutien de la part des gouvernements ? Ce dont les gens ont vraiment besoin, c'est d'une protection adéquate et effective contre l'industrie avicole multinationale. Il faudra que la société civile exerce une pression forte et concertée pour dépasser l'exagération et l'hystérie, défendre les petits agriculteurs et la volaille des basses-cours, et commencer à construire des systèmes alimentaires qui placent les êtres humains devant les profits".


situation_mondiale_grippe_aviaire


transport_poules1


 

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Commentaires
G
Bonjour,<br /> j'ai à peu près la même manière que toi d'aborder les problèmes et je suis tres interessé par tout ces genres de points de vue. je suis Gil Emmanuel, auteur-compositeur français. Et toi qui es-tu ? Que signifie servum pecus ? <br /> @+
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Le bâton dans la fourmilière (fourmillière)
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